On prend les mêmes et on recommence. Visiblement, la vidéo gène. Elle gène très fort. Suffisamment fort pour avoir encore des remarques en début de ce dernier conseil. Les prétextes annoncés sont divers et variés, qu'il faille demander l'autorisation au conseil, le droit à l'image des employés municipaux, le droit à l'image du public, que les plans doivent être larges et qu'ils doivent circuler entre les différents intervenants, et même aussi la protection / sécurité du policier municipal a été évoquée dans le cadre de l'opération vigipirate.

Puisqu'il faut encore démystisfier, démystifions ensemble dans la bonne humeur et sans s'énerver.

Tout d'abord, il n'y a aucune autorisation à demander, la législation est claire sur ce point : les séances du conseil municipal sont publiques dans un but d'information des administrés. On pourra ironiser que c'est pourtant la norme dans beaucoup d'autres communes de même taille et que ça ne pose problème à personne.

Ensuite, les employés municipaux sont considérés comme personnes publiques au même titre que les élus dans le cadre de la tenue d'un conseil. Ils ne peuvent donc pas s'opposer à l'enregistrement. Il ne s'agit pas d'images privées, tournées à l'insu des personnes, mais bien de personnalités publiques dans leur prise de parole publique rendant des comptes sur leurs actions. La directrice générale des services souvent située à la gauche de notre maire, l'avait même relevé pour son propre compte lors des premières levées de bouclier en juin 2020 concernant le fait de filmer les conseils, et pour cause : elle occupe aussi une fonction de 2ème adjointe au maire à la Ferté-Saint-Aubin, commune qui retransmet ses conseils municipaux en live sur Facebook.

Le public, réduit à chaque fois aux acquets, n'apparait jamais au demeurant sur les plans de la caméra, car pour avoir un maximum d'élus à l'écran, la caméra est placée sur l'arrière de la salle. Donc, là encore, aucune action à mener, ni autorisation d'aucune sorte.

Le financement de ces retransmissions vidéos étant sur mes propres deniers, d'aucun pourra comprendre aisément pourquoi il n'y a pas plusieurs angles. Toutefois, une seule caméra avec un plan large est suffisante d'un point de vue légal. L'essentiel étant de ne pas stigmatiser untel ou untel dans son poste. Effectivement, le mieux serait d'avoir, à l'instar de ce que d'autres communes font, une retransmission qui suive l'orateur, mais cela nécessite un investissement matériel : plusieurs micro omnidirectionnels, plusieurs micro directionnels sur table avec boutons pour les différents interlocuteurs, 2 ou 3 caméras 1080p 60fps avec supports motorisés et un système de régie automatique. Ça représente quelques milliers d'euros, donc si la municipalité veut se donner les moyens d'être transparente, je n'y vois aucune objection.

Le dernier point évoqué étant la sécurité du policier municipal en faction dans le cadre de vigipirate. Cela m'a stupéfait dans la mesure où chaque policier apparaît dans la République du centre à visage plus ou moins découvert avec leur prénom et même parfois leur nom de famille. De plus, en ces temps de pandémie, tous les visages sont masqués et difficilement reconnaissables. Par ailleurs, il semblerait que l'on fasse plus référence ici à la loi dite de "sécurité globale" qui a institutionalisé de manière permanente certains dispositifs en vigueur pour vigipirate (mais ce n'est qu'un détail me direz-vous). En l'occurence, il s'agirait de l'interdiction de filmer un policier à visage découvert dans l'exercice de ses fonctions, pour porter une atteinte physique ou psychique. En substance, il n'y a pas de connotation bonne ou mauvaise à faire la police du conseil : le point important de cette réunion, c'est le conseil et ce qui s'y dit, et, spoiler incoming, le policier en faction ne dit rien ! S'il souhaite ne pas apparaître sur les vidéos, rien ne l'empêche de se mettre hors-champ de la caméra, ça lui permettra également de surveiller plus facilement les accès situés derrière le 1er magistrat. Enfin, dernier point important s'il en est : nous sommes à Saint-Denis-en-Val, non pas dans un quartier sensible de la banlieue parisienne. Le risque est bien plus grand de se faire écraser par un alcoolique que d'avoir un problème d'insécurité vis-à-vis des policiers municipaux. Aussi, évoquer ce "risque" me parait quelque peu disproportionné, mais je vous en laisse seuls juges.

Sur un plan plus "moral", j'aurais pu aller parler de la retransmission, mais au vu des premières prises de position / discours des élus de la majorité, j'ai très vite compris que ça allait déraper, et je n'ai sincèrement pas eu le coeur à perdre mon temps en discussions stériles. Contrairement à ce que pourraient penser certains élus, ça ne me fait pas rire : je trouve la situation affligeante. Mais il est nécessaire pour le bien de la démocratie que l'information concernant les administrés circule. Et le media vidéo est incontournable. Je regrette juste que la majorité ne l'ait pas compris, ni embrassé.

En conséquence, notre maire a intimé l'ordre à la cantonade, donc à moi, de flouter toutes les personnes en dehors des élus. Sur la forme, l'autoritarisme et la vindicte à mon égard m'inciteraient à perséver, non pas parce que je suis une tête de cochon (un peu quand même ;-) ), mais parce que chacun est égal et qu'il n'y a pas à prendre les gens de haut. Sur le fond, la légalité est également clairement de mon côté, je pourrais sans crainte faire statut quo, et laisser courrir ces tentatives. Sur le plan technique, j'ai été piqué de curiosité et j'ai essayé de regarder les possibilités. Il existe bien des logiciels pour le faire, mais au prix d'un montage fastidieux (ou d'un floutage de tous les visages indifféremment) suivi d'un long réencodage et d'une dégration de la qualité. Aussi, de floutage, il n'y aura point.

Ce qui est sûr, c'est qu'à travers toutes ces tentatives, cette vidéo n'est pas souhaitée ; on pourra se demander ce que la majorité cherche à cacher.