Difficile sujet que celui-là, devenu affreusement familier pour tous. Cela fait plus d'un an. Au soir du premier tour des élections municipales, le président nous annonçait le premier confinement. La vie que nous connaissions avant était désormais révolue, et tout le monde s'est adapté comme il a pu.

Encore une fois, cet article n'est pas déstiné à démystifier les folles théories qui pourraient fleurir, juste à résumer des grands principes que chacun peut éprouver à l'aune de ses propres connaissances, et constater ce qui a été fait (ou pas) sur Saint-Denis-en-Val.

SARS-CoV-2, l'empêcheur de tourner en rond

De quoi parle-t-on au juste ? Ce virus n'est qu'une petite coque de 0,1 micromètre de protéines qui contient juste 11 gènes codant pour 29 protéines. C'est à remettre en perspective des 23000 gènes humains. Son mécanisme d'action est d'une déconcertante simplicité : il exploite des verrous cellulaires pour entrer, détournent ces briques du vivant de leur fonction première pour leur faire fabriquer des répliques de lui-même, qui vont à leur tour rentrer dans d'autres cellules et ainsi de suite. Le souci réside en ce qu'au passage de cette étape dans sa survie, il engage la nôtre.

Le bilan et les perspectives

Dans le monde, à l'heure actuelle, on déplore 3 millions de morts pour 136 millions de contaminations, chiffres sous-estimés par les façons de compter ou les régimes autoritaires. Ce qui représente 0,03% de morts sur toute l'humanité et 1,7% de contaminations. La pandémie a émergé déjà depuis 18 mois, qui sont certes longs pour tout le monde mais qu'il faut mettre en regard des autres grandes pandémies humaines qui s'étalent sur des années : les épidémies de choléra durèrent des dizaines d'années, la grippe espagnole s'étala entre 1917 et 1921, avec un pic entre 1918 et 1920.

En France, le bilan est tout aussi lourd : le cap des 100000 morts vient d'être dépassé, soit 0,14% de la population, avec 5 millions de contaminations, ce qui représente 7,7% de la population. Les pays européens sont-ils plus démunis face au virus, de part leur âge, les moyens de locomations, ou même génétiquement moins bien outillés ? Ou bien sont-ils plus honnêtes ? Ce n'est pas une question à laquelle un béotien en virologie / épidémiologue comme moi pourrait répondre. Le seul constat que je fais est que le virus circule et continue de circuler, de contaminer et surtout de tuer.

À Saint-Denis-en-Val, commune de 7500 habitants, nous avons eu notre lot des décès aussi. Personne n'oubliera l'épisode dramatique à la maison de retraite des Pinelles entre décembre 2020 et janvier 2021, qui emporta 17 personnes. Rien que ces décès, rapportés à l'ensemble de la population dionysienne, fait grimper la mortalité annuelle de 0,2% de notre village, soit plus qu'en moyenne dans le reste de la France et sur l'année entière, ou dans le monde entier. Et ce n'est que l'épisode qui a été médiatisé, le reste de la population dionysienne reste tout autant touchée, et continue de l'être avec entre 12 et 20 nouveaux cas chaque semaine (les statistiques de contamination et de décès sont certainement sous-estimées pour notre commune car souvent c'est le lieu de dépistage ou de décès qui rentre en compte dans les chiffres de l'INSEE). C'est donc de plein fouet que Saint-Denis-en-Val est touchée, même si on peut arguer la non-signification statistique, les chiffres n'en restent pas moins terribles.

Heureux celui qui n'ait personne dans son entourage ayant été touché, mais ces exceptions deviennent de plus en plus rares. Ignorer ou nier le virus, que ce soit verbalement ou à travers les gestes du quoditien, est une position intenable, même si on peut en comprendre les ressorts psychologiques pour tenter illusoirement de diminuer l'horreur de la pandémie. Et donc face à l'insoutenable, notre gouvernement nous l'a présenté avec un champ lexical belliqueux. Mais dans une guerre, il y a possibilité d'avoir une armée de métiers, qui va épargner aux populations civiles d'affronter les combats. Dans cette lutte, c'est tout un chacun qui est vecteur de "l'arme" et de son auto-perfectionnement : en effet, si nos soignants luttent mais que d'autres propagent le virus, l'action perd toute son efficacité. De même, si le virus continue de contaminer, et s'installe dans la durée, il multiplie les possibilités de muter, et donc de devenir plus dangereux. Garder une contamination la plus basse possible, c'est aussi préparer l'avenir sanitaire mais aussi économique, car il n'y a pas à douter : plus le virus mute, plus il y a de chances qu'un variant arrive avec des avantages compétitifs, qui seront donc à nos dépens.

Qu'est ce qui a été tenté ?

Que peut-on faire par rapport quelque chose qu'on ne voit pas, qui exploite nos propres corps, et qui va détourner jusqu'à notre sociabilisation pour sa propre propagation ? Il n'existe pas de moyen unique ultime et absolu de lutte. Même les vaccins ont un taux de protection qui n'atteint pas 100% et ne stoppent pas forcément la contagiosité. C'est alors une juxtaposition de mesures qui vont faire des filtres successifs et diminuer à chaque fois les contagions et les décès.

Depuis le début de l'épidémie, l'Etat joue avec chacun des paramètres, en ouvrant certaines vannes, en fermant d'autres, arguant que chaque mesure va avoir un impact sur l'économie, opposant de facto toute mesure (donc y compris la santé) à la bonne marche de notre pays. J'ai pour ma part une vision légèrement différente : effectivement, fermer un commerce, un lieu de culte ou une structure publique est une privation de liberté immédiate et a un impact sur les bourses des gens, mais frapper un grand coup sur cet adversaire, c'est aussi s'assurer que le futur à moyen terme soit plus contrôlable, et économiquement plus radieux. J'envie les néo-zélandais qui, grâce à leur position insulaire et leur paranoïa (justifiée) des germes, ont su garder une qualité de vie à peu près normale. Mais nous ne sommes pas en Nouvelle-Zélande, nous ne sommes pas paranoïaques des germes, et nous ne sommes pas isolés du reste du monde. De plus, beaucoup d'entre nous sont attentistes quant aux mesures, et l'Etat, avec son inertie profonde, ne s'adapte pas aussi vite qu'il le devrait. C'est malheureusement une caractéristique du peuple français qui ne réagit que lorsque l'urgence est pressante et immédiate, alors que la menace actuelle est latente et sur le long terme.

La mairie de Saint-Denis-en-Val est malheureusement dans la droite lignée d'une très grande partie du pays :

  • Dès les premières mesures, pourquoi avoir maintenu les marchés alors que les distances n'étaient que peu respectées ?
  • Il est resté un très grand nombre de masques destiné à une distribution publique : peu d'administrés étaient au courant le jour J
  • Où sont donc passés les masques restants ?
  • Pourquoi ne pas avoir rencontré les gens du voyage qui avaient, certes illégalement, occupé un champ dionysien, dans l'optique d'un encadrement sanitaire ?
  • Pourquoi ne pas avoir mis de distributeurs de gel hydroalcoolique avec pompe à pied dans les lieux publiques comme dans le centre-ville d'Orléans ?
  • Pourquoi ne pas financer des tests salivaires sur l'ensemble des groupes scolaires ?
  • Pourquoi ne pas favoriser la communication électronique sur les actions de la commune ?
  • Pourquoi ne pas encourager des actions de lien social électronique, quitte à former et équiper nos ainés qui en auraient besoin ?
  • Pourquoi ne pas avoir mis en place des services de livraison pour les personnes isolées ?
  • Même au moment du conseil municipal, pourquoi mettre des bouteilles d'eau sur les tables des conseillers, ou pire encore, des pichets d'eau, certes plus écologiques, alors que personne ne devait enlever son masque ?

Les exemples de solutions ou d'initiatives ne manquent pourtant pas et pourraient très bien s'appliquer à la commune. La seule réponse de la mairie à l'heure actuelle a été d'annuler des événements et de mettre les policiers municipaux à faire de la sensibilisation sur le port du masque. Mais ce n'est pas une "guerre", c'est une épidémie ; la réponse doit être sanitaire et globale, non sécuritaire et répréssive.

Que faire à notre échelle ?

Si on met à de côté l'approche peu efficiente (les chiffres parlent d'eux-mêmes) de la mairie partagée entre inaction et renforcement policier, la situation est justement plus critique que jamais, et les consignes sanitaires sont seulement là pour tous nous protéger à la condition que chacun les respecte. Elles montrent que vous vous souciez de votre prochain comme de vous-même. Le temps de la COVID-19 durera certainement des mois, mais il ne faut pas se lasser ni se relâcher : nos actions auront un impact, preuve en est que nos émissions de gaz à effet de serre ont diminué de 7% en 2020 par rapport à 2019, donc il faut croire en l'impact de l'action individuelle si nous nous y mettons tous.

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