Dans la nuit du 13 au 14 septembre 2024, un conducteur a démoli une clôture et a encastré un véhicule dans un arbre d'un dionysien. Ce fait divers aurait pu passer inaperçu, sauf qu'il fait écho à de nombreux autres cas de délinquance routière.
En effet, depuis les dernières années, les faits de violence ou de dégradations impliquant un véhicule se sont multipliés. Outre les drames qui sont encore dans nos mémoires, un certain nombre de clôtures ont été enfoncées, dont deux rien que sur la rue des Cordelles, avec des véhicules en cause.
La question ouverte et légitime qui a été posée au conseil municipal portait donc sur les actions que la majorité compte entreprendre pour endiguer cette recrudescence de problèmes. La maire à répondu que tout allait bien citant des chiffres de contrôles de vitesse, et qu'il n'y a aucun problème, et que donc cela rentrerait dans la marge d'erreur statistique acceptable. Afin de tempérer le propos, le premier adjoint a énuméré certains moyens de contrôle et d'action, tout en essayant d'assurer que tout est mis en œuvre pour assurer la sécurité au quotidien, allant même jusqu'à, certes sur le ton de la plaisanterie, inciter à la délation à la police municipale afin de les aider mais sans apporter de solution. Alors que même pour la vitesse, un simple radar de sensibilisation suffit à avoir un effet préventif efficace.
Outre que les concitoyens concernés apprécieront d'être relégués à des percentiles négligeables, alors que justement c'est l'exception qui pose problème, notre premier édile présume des causes accidentogènes : certes la vitesse est le premier facteur d'accident sur l'ensemble de la France, mais qui a dit que la vitesse était la cause chez nous ? Dans les cas de problèmes routiers de nuit, il faut être court dans ses raisonnements pour ne s'en tenir qu'à la vitesse. Ou bien c'est le bouc émissaire facile, car dépendant de facteurs surlesquels la mairie n'aurait aucun pouvoir, comme si toutes les rues de Saint Denis pouvaient être pratiquées à haute vitesse, avec les bateaux et ralentisseurs... Parmi d'autres facteurs, il n'est pas idiot de considérer certains liés au comportement individuel, comme la conduite sous influence. Il serait honnête aussi de faire l'introspection de la municipalité. Quels sont les éléments qui auraient bien pu changer ces dernières années pour avoir une hausse de ces problèmes ? Qu'est-ce qui rend la conduite de nuit compliquée ?
Il est nécessaire de faire la lumière sur cette cause qui semblait pourtant claire : l'éclairage public a été éteint la nuit à partir de 23h30. Tous les dionysiens qui ont pu prendre leur véhicule après cette heure s'en sont rendu compte, les rues de la commune sont dangeureuses. Le manque de visibilité, même s'il ne suffit pas à tout justifier, est flagrant. De plus, l'extinction des lampadaires coïncide avec le constat de recrudescence. Tout ça pour économiser quelques euros et se donner un vernis écologique.
Et là je parle de vernis parce que l'éclairage public n'est pas une source de dépense faramineuse. Prenons le cas de la rue de Saint Denis, longue de 1,5km. Elle possède un lampadaire tous les 25 à 30m, soit environ 60 lampadaires. Ils ont été équipés en 2022 avec des LEDs haute puissance, d'une consommation entre 60 et 100W par équipement. Éclairer la rue de Saint Denis prend donc entre 3,6 et 6 kW, et consomme entre 23h30 et 2h00 du matin entre 9 et 15 kWh, soit moins de 2 euro. Ce n'est donc pas une question de budget mais une question d'image. Dernier chiffre pour vous convaincre de ce côté "greenwashing" de l'opération : le chauffage de la commune représente de loin la dépense principale en énergie de la commune (données extraites pour Saint-Denis-en-Val), donc éteindre la lumière est un peu comme essayer d'éteindre un feu de forêt en écopant avec un dé à coudre. La ville d'Orléans, elle, a bien compris les enjeux et les sommes dans l'équation et a rallumé l'éclairage public. Et quand bien même nous voudrions éteindre les lumières, les détecteurs de mouvement existent, et permettent un éclairage ad-hoc.
Et l'éclairage n'est pas le seul point d'action pour assurer à nos concitoyens une sécurité :
- la prévention et sensibilisation de tous les acteurs de la route, automobilistes, vélocyclistes, piétons
- des manequins en fil de fer sur les points accidentogènes
- des radars de sensibilisation
- des caméras en état de fonctionnement, avec une résolution exploitable pour identifier les voitures
- une présence ponctuelle des policiers municipaux aux horaires nocturnes compliqués
- etc...
Mais si aucune mesure n'est prise, si aucune solution possible n'est testée, les problèmes ne s'envoleront pas par magie. On pourra regretter le manque de vue d'ensemble de la majorité qui se contente de gérer, ainsi que le premier adjoint l'avait déclaré pour les innondations de 2016, les problèmes en mode curatif plutôt qu'en mode préventif. Et tenez-le vous pour dit : circulez, il n'y a rien à voir...