Cela n'aura échappé à personne, l'école Champdoux a connu de meilleurs jours. Cette école a été construite en 1956, nous fêterons donc ses 70 ans l'année prochaine. A contrario du vin, les années ne la bonifient pas. Même si certains défauts ont été adressés avec une latence discutable, de nombreux sont encore présents. On peut citer entre autres l'amiante présent dans ses murs, certes stabilisé (du moment qu'on évite d'y faire des travaux) mais terriblement anxiogène, ou encore sa structure béton dont l'âge arrive à terme (les ouvrages d'art en béton ont une durée de vie comprise entre 50 et 100 ans), et bien entendu son isolation énergétique classée E, qui range le bâtiment dans les passoires énergétiques.

C'est sur ce dernier point qu'intervient la loi de performance énergétique du 30 mars 2023. Cette dernière contraint les collectivités locales à une efficience thermique des bâtiments publics, calendrier à l'appui. Cette loi était en discussion depuis quelques mois auparavant et toutes les collectivités étaient bien au courant. Je vous laisse seul(e)s juges quant à la coïncidence de date avec ce projet, certes évoqué dans les promesses électorales, mais réellement mis sur les rails en 2023... Mais passons, car, que ce soit sous l'impulsion de tenir une promesse ou d'être contraints par une loi, chercher à être vertueux énergétiquement parlant est clairement une bonne chose. La majorité a donc opté pour une simple rénovation, en isolant l'école Champdoux depuis l'extérieur, au prétexte que c'était la solution la moins chère... Mais l'est-elle réellement ?

Déjà si on fait un rapide calcul en tenant compte des économies escomptées, la durée d'amortissement est supérieure à 250 ans... Pire encore, si on tient compte du fait que les services techniques se montrent peu optimistes quand à atteindre la classe A, et que l'école atteindrait la classe C, on dépasserait les 348 ans (3 siècles et demi !)... Au passage, les murs de l'école commence déjà à s'éffriter, certains arbalétriers (élément de toiture) vont devoir être remplacés pour risque d'effondrement, ce qui indique clairement que l'on approche à grand pas de la fin de vie du béton coulé en 1956... Donc en renversant le calcul, et en estimant que l'école pourrait encore tenir 10 ans, en atteignant la classe C, et que la facture s'élévera à près de 6 millions (revu à la hausse pour créer une classe), cela correspondra à 600 000€ par an en investissement, pour une économie sur la facture énergétique attendue de l'ordre de 10 000€ par an (17 200€ si on avait atteint la classe A). A ce tarif, ça heurte quelque peu la conception de la gestion raisonnable que l'état exige des municipalités.

C'est d'autant plus choquant qu'à ce prix nos enfants seront toujours dans des locaux vétustes. Et que d'autres communes arrivent à faire du neuf avec des budgets inférieurs : la commune de Sully-sur-Loire est en train de construire une école de 1338 m² pour une capacité d'environ 177 enfants dans 7 classes, pour un montant de... 5 millions d'euro ! Quand notre municipalité fait appel à une société de conseil qui chiffre une école neuve supérieure à 12 millions d'euro, il y a de quoi être fortement ébranlé car une simple règle de 3 montre par l'exemple qu'une école neuve de la taille (2000m²) et de la capacité (223 élèves selon l'éducation nationale) de Champdoux nous coûterait entre 6 et 7,5 millions d'euro. Sans compter les aides de l'Etat qui sont bien plus abondantes dans le cas d'une construction neuve directement en classe énergétique A et dont la durée de vie s'étalerait au moins sur les 50 prochaines années, ce qui permettrait d'amortir réellement l'investissement ! La déception est d'autant plus grande qu'à l'évocation de la construction de l'école de Sully-sur-Loire lors du dernier conseil municipal, la maire, feignant de ne pas comprendre le message, a déclaré que c'était "une belle histoire". Dommage que soit une belle histoire... pour une autre commune !